29 avril 2020 ¡ª Les op¨¦rations de paix des Nations Unies ?uvrent ¨¤ la promotion de la stabilit¨¦ et de la s¨¦curit¨¦ dans certains des lieux les plus dangereux et fragiles du monde. Avant la pand¨¦mie de COVID-19, les Casques bleus onusiens ¨C civils, militaires et policiers ¨C ¨¦taient d¨¦j¨¤ tr¨¨s sollicit¨¦s et repr¨¦sentaient une ¨¦troite barri¨¨re bleue aidant ¨¤ prot¨¦ger les civils, ¨¤ soutenir les accords de paix et ¨¤ contenir les conflits dans les points chauds et les zones de guerre du monde entier.
Si, ou plut?t quand le virus du COVID-19 se propagera davantage dans des pays d¨¦j¨¤ affaiblis par la guerre et la pauvret¨¦, non seulement la vie de milliers de personnes sera menac¨¦e, mais le fragile ¨¦quilibre d¡¯une paix pr¨¦caire risque de basculer de nouveau vers le conflit et le d¨¦sespoir. Les communaut¨¦s se relevant d¡¯un conflit se trouvent souvent ¨¤ la limite de la survie, affrontant chaque jour la pauvret¨¦ et le manque de services de sant¨¦ de base. Pour elles, l¡¯enjeu ne pourrait ¨ºtre plus grand et l¡¯aide des Nations Unies se r¨¦v¨¨le plus importante que jamais.
Il est crucial de poursuivre nos efforts de soutien et de promotion de la paix et de la stabilit¨¦ pour que les r¨¦gions qui peinent ¨¤ se relever d¡¯un conflit puissent aussi prendre part ¨¤ la lutte mondiale contre le COVID-19. En ¨¦troite collaboration avec nos partenaires, les missions de maintien de la paix de l¡¯ONU s¡¯attellent ¨¤ atteindre quatre objectifs : 1) soutenir les efforts locaux visant ¨¤ enrayer la propagation du nouveau coronavirus; 2) prot¨¦ger le personnel onusien et veiller ¨¤ ce qu¡¯il re?oive les meilleurs soins disponibles en am¨¦liorant les tests m¨¦dicaux et les capacit¨¦s de traitement; 3) s¡¯assurer que les Casques bleus puissent continuer leur travail sans devenir des vecteurs de transmission du virus, en pratiquant la distanciation sociale et d¡¯autres mesures d¡¯att¨¦nuation; et 4) continuer la mise en ?uvre de leur difficile mandat visant ¨¤ soutenir la paix et ¨¤ endiguer les conflits malgr¨¦ la propagation du COVID-19.
Comme le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU, Ant¨®nio Guterres, l¡¯a r¨¦cemment d¨¦clar¨¦ devant le Conseil de s¨¦curit¨¦, cette pand¨¦mie risque de conduire ¨¤ une recrudescence des troubles sociaux, ¨¤ un manque d¡¯autorit¨¦ de l¡¯?tat, voire m¨ºme ¨¤ la violence, ce qui pourrait gravement affaiblir notre capacit¨¦ collective ¨¤ combattre le virus. Pour les pays qui ne disposent que d¡¯une poign¨¦e de respirateurs pour des millions de personnes, la perspective qu¡¯une personne sur mille contracte le COVID-19 et que 15 % de ces derni¨¨res doivent b¨¦n¨¦ficier de soins intensifs est particuli¨¨rement inqui¨¦tante. Les statistiques alarmantes concernant le COVID-19 ne refl¨¨tent pas seulement une crise sanitaire mondiale : elles r¨¦v¨¨lent une menace fondamentale au maintien de la paix et de la s¨¦curit¨¦ internationales.
Nous sommes mobilis¨¦s pour faire en sorte que les op¨¦rations de paix des Nations Unies fassent tout leur possible pour faire partie int¨¦grante de la solution ¨¤ la pand¨¦mie. De la R¨¦publique centrafricaine au Liban, de la Somalie au Mali, les femmes et hommes du maintien de la paix continuent de s¡¯acquitter de leur mandat. Ils le font avec bravoure et d¨¦vouement, restant en premi¨¨re ligne m¨ºme s¡¯ils s¡¯inqui¨¨tent pour leur famille, m¨ºme si les liaisons a¨¦riennes et les lignes de ravitaillement sont mises ¨¤ rude ¨¦preuve par la riposte mondiale au virus, et malgr¨¦ l¡¯apparition de cas dans les pays h?tes.
La solidit¨¦ de nos partenariats pour le maintien de la paix n¡¯a jamais ¨¦t¨¦ aussi cruciale, que ce soit avec d¡¯autres acteurs des Nations Unies, des ONG ou des organisations r¨¦gionales comme l¡¯Union africaine. En d¨¦pit des pressions accrues sur nos Casques bleus pour qu¡¯ils s¡¯acquittent de leur mandat, nous devons reconna?tre que nos partenaires font ¨¦galement face aux risques de cette pand¨¦mie. Pendant qu¡¯elles poursuivent leur travail, nos missions de maintien de la paix disposent d¡¯une infrastructure m¨¦dicale qui permet d¡¯assister le personnel de l¡¯ONU ¨¤ risque. Il est essentiel de se prot¨¦ger pour pouvoir prot¨¦ger les autres.
Nous faisons ¨¦galement tout notre possible pour assurer la r¨¦silience de nos cha?nes d¡¯approvisionnement. Nos experts en logistique ont d¨¦velopp¨¦ un plan de continuit¨¦ des op¨¦rations pour les besoins d¡¯assistance vitale, tout en assurant la planification, la fourniture et la livraison des biens et services essentiels ¨¤ la r¨¦alisation des mandats de paix. Des ¨¦quipements de protection personnelle sont mis ¨¤ disposition dans toutes nos missions. Nous disposons de nos propres respirateurs et veillons ¨¤ ce que les capacit¨¦s des unit¨¦s de soins intensifs et les fournitures soient suffisantes de fa?on ¨¤ ne pas solliciter davantage des ressources locales d¨¦j¨¤ limit¨¦es. En ¨¦troite collaboration avec nos partenaires et les ?tats Membres des Nations Unies, nous renfor?ons ¨¦galement les capacit¨¦s d¡¯¨¦vacuation m¨¦dicale. Des mesures strictes de distanciation sociale sont en place, et nos missions r¨¦duisent leur ? empreinte ? en diminuant la densit¨¦ de population parmi le personnel en uniforme et le personnel civil.
Alors que nos missions doivent se prot¨¦ger du COVID-19, elles continuent de sensibiliser les communaut¨¦s locales tout en prot¨¦geant les civils et en aidant les gouvernements h?tes ¨¤ faire face au virus. Radio Okapi, la station de radio des Nations Unies en R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, a lanc¨¦ une campagne nationale multilingue pour informer la population locale sur le COVID-19, en mettant l¡¯accent sur la dissipation des rumeurs et la lutte contre la d¨¦sinformation.
Au Darfour, notre op¨¦ration sensibilise les groupes vuln¨¦rables ¨¤ l¡¯importance des mesures de pr¨¦caution pour contr?ler la propagation du COVID-19, y compris dans les sites de personnes d¨¦plac¨¦es dans le nord et au centre de l¡¯?tat, o¨´ les risques de propagation des infections sont plus ¨¦lev¨¦s. ? Chypre, notre mission travaille avec des organisations de femmes pour soutenir celles qui souffrent de violences domestiques pendant la quarantaine.
Parall¨¨lement, les Casques bleus continuent de mener ¨¤ bien leurs t?ches ant¨¦rieures au COVID-19, comme la protection des civils, le soutien aux processus politiques et le soutien au renforcement des capacit¨¦s du Gouvernement. En R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo, des Casques bleus ont r¨¦cemment aid¨¦ ¨¤ lib¨¦rer 38 civils, dont des femmes et des enfants, qui avaient ¨¦t¨¦ enlev¨¦s par un groupe arm¨¦ dans l¡¯est du pays, tout en aidant l¡¯arm¨¦e nationale ¨¤ repousser une attaque. Au Mali, lorsque le Gouvernement a d¨¦cid¨¦ il y a deux semaines qu¡¯il ¨¦tait important de poursuivre les ¨¦lections l¨¦gislatives, notre mission a fourni un soutien logistique et op¨¦rationnel essentiel et a aid¨¦ ¨¤ s¨¦curiser les bureaux de vote le jour du scrutin. En Somalie, les Nations Unies ont aid¨¦ les soldats de l¡¯Union africaine et le Gouvernement ¨¤ d¨¦velopper leurs propres plans de pr¨¦paration et de riposte au COVID-19, tout en veillant ¨¤ ce que les groupes terroristes ne saisissent pas l¡¯occasion pour frapper alors que l¡¯attention se concentre sur la pand¨¦mie. La lutte contre le COVID-19 peut ¨ºtre un ? deuxi¨¨me front ? pour les Casques bleus, mais les deux combats se poursuivent simultan¨¦ment.
La semaine derni¨¨re, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies a d¨¦cid¨¦ de suspendre la rotation de toutes nos troupes et de nos policiers jusqu¡¯au 30 juin. Ces mesures maintiendront nos Casques bleus sur le terrain, l¨¤ o¨´ ils sont le plus n¨¦cessaires, et aideront ¨¤ prot¨¦ger et ¨¤ rassurer les coll¨¨gues onusiens ainsi que les communaut¨¦s en retardant le mouvement de milliers de personnes ¨¤ destination et en provenance des pays d¡¯origine et de transit. Cette d¨¦cision n¡¯est pas prise ¨¤ la l¨¦g¨¨re ¨¦tant donn¨¦ l¡¯¨¦loignement, les difficult¨¦s et les dangers auxquels sont souvent confront¨¦s les Casques bleus. Rester sur le terrain est un sacrifice pour ces hommes et femmes, qui s¡¯attendaient ¨¤ retourner dans leurs foyers apr¨¨s une ¨¦prouvante p¨¦riode de service. Nous sommes reconnaissants aux pays qui fournissent ces policiers et militaires d¡¯avoir accept¨¦ cette mesure afin que nos op¨¦rations de paix puissent poursuivre leurs activit¨¦s et maintenir la paix, tout en minimisant le risque de contagion au COVID-19. Nous faisons tout notre possible pour soutenir nos courageux Casques bleus, afin qu¡¯ils puissent se prot¨¦ger eux-m¨ºmes tout en prot¨¦geant leurs communaut¨¦s d¡¯accueil.
Comme l¡¯a d¨¦clar¨¦ le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies lorsqu¡¯il a appel¨¦ ¨¤ un cessez-le-feu mondial, il ne devrait y avoir qu¡¯un seul combat dans le monde aujourd¡¯hui : notre bataille commune contre le COVID-19. Pour le maintien de la paix des Nations Unies, cela comprend notre engagement ind¨¦fectible pour la sant¨¦ et la s¨¦curit¨¦ de notre personnel comme des populations que nous servons. C¡¯est pourquoi les Casques bleus des Nations Unies doivent poursuivre leur important travail. Et c¡¯est pourquoi, maintenant plus que jamais, ils ont besoin de tout notre appui.