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Une m猫re s茅ropositive et son enfant en Tanzanie : leur statut socio-茅conomique inf茅rieur contribue, avec d鈥檃utres facteurs, 脿 rendre les femmes plus vuln茅rables que les hommes 脿 l鈥檌nfection par le VIH.

Photo: PictureNET Africa / Frederic Courbet

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), rapporte que sur pr猫s de 25 millions d鈥橝fricains qui vivent aujourd鈥檋ui avec le VIH/sida, presque 60 % sont des femmes. Dans certains pays africains, plus des deux tiers des personnes infect茅es sont des femmes.

La nomination par le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, M. Ban Ki-moon, d鈥檜ne Africaine au poste d鈥橢nvoy茅e sp茅ciale pour le sida en Afrique est donc parfaitement appropri茅e. Mme Mataka, citoyenne du Botswana, vit et travaille en Zambie voisine depuis de nombreuses ann茅es. Elle lutte activement contre la maladie en Afrique depuis 1990, comme militante locale, directrice de programme et porte-parole internationale. Quand elle a 茅t茅 nomm茅e 脿 son poste 脿 l鈥橭NU le 21 mai, elle 茅tait Directrice g茅n茅rale du R茅seau national sur le sida de Zambie et Vice-pr茅sidente du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Selon Mme Mataka, le combat contre le VIH/sida doit mettre bien plus l鈥檃ccent sur les femmes. 鈥淎 moins de donner plus de pouvoir aux femmes, pas seulement 茅conomiquement, mais gr芒ce 脿 des technologies qu鈥檈lle peuvent introduire et contr么ler pour se prot茅ger elles-m锚mes contre l鈥檌nfection, nous n鈥檃urons que des succ猫s tr猫s limit茅s鈥�, a-t-elle d茅clar茅 脿 Afrique renouveau de son bureau de Lusaka.

Les causes de la vuln茅rabilit茅 particuli猫re des femmes au VIH/sida, qui est transmis par les rapports sexuels et le contact avec du sang contamin茅, sont complexes et vari茅es. Les agressions sexuelles et d鈥檃utres formes de violence contre les femmes constituent un facteur important (voir Afrique Renouveau, juillet 2007). Les femmes sont aussi plus susceptibles 脿 l鈥檌nfection pour des raisons biologiques.

Mais, affirme Mme Mataka, les facteurs les plus importants, dont on doit s鈥檕ccuper si on veut 茅radiquer l鈥櫭﹑id茅mie, sont de nature 茅conomique, sociale et politique. 鈥淩egardez la situation 茅conomique des femmes, dit-elle. La plupart des femmes sont totalement d茅pendantes de leur partenaire masculin. Cela tend 脿 limiter leur pouvoir de n茅gociation en termes de rapports sexuels prot茅g茅s.鈥�

鈥楩aire le lien鈥�

Les cons茅quences de l鈥檌n茅galit茅 entre les sexes ne sont pas limit茅es 脿 l鈥橝frique. ONUSIDA rapporte que pr猫s de la moiti茅 des 37 millions d鈥檃dultes s茅ropositifs dans le monde sont des femmes 鈥� et leur nombre a augment茅 de plus d鈥檜n million entre 2004 et 2006. En f茅vrier 2004, l鈥橭NU a aid茅 脿 lancer la Coalition mondiale sur les femmes et le sida pour sensibiliser 脿 l鈥檃ggravation de la crise parmi les femmes et pour mettre au point des programmes de pr茅vention et de traitement adapt茅s 脿 leurs besoins (voir Afrique Renouveau, octobre 2004).

En juillet 2007, l鈥橝lliance mondiale des unions chr茅tiennes f茅minines a organis茅 une conf茅rence des femmes sur le sida 脿 Nairobi (Kenya). Plus de 1800 personnes venues du monde entier y ont particip茅 et les travaux ont 茅t茅 ax茅s sur le renforcement du r么le des femmes dans les initiatives anti-sida. Il a 茅t茅 d茅clar茅 dans l鈥檃ppel 脿 l鈥檃ction de la conf茅rence que les femmes ont le droit 脿 un acc猫s 茅gal aux services pour le VIH/sida et que la discrimination 茅conomique et sociale doit cesser (voir encadr茅).

Le docteur Peter Piot, directeur d鈥橭NUSIDA, a d茅clar茅 aux d茅l茅gu茅es : 鈥淟e moment est venu de faire le lien entre le sida et l鈥櫭ゞalit茅 entre les sexes.鈥� Il a ajout茅 que la 鈥渇茅minisation鈥� du sida 茅tait l鈥櫭﹙olution la plus marquante de cette pand茅mie. 鈥淟a premi猫re question que nous devons poser 脿 propos de toute activit茅 concernant le sida est 茅videmment 鈥楨st-elle adapt茅e aux femmes ?鈥� Aucun programme ne peut s鈥檃dresser indiff茅remment aux hommes et aux femmes."

Une victime de viol est r茅confort茅e au cours d鈥檜ne c茅r茅monie 脿 Khayelitsha (Afrique du Sud), o霉 un programme exp茅rimental traite les personnes s茅ropositives 脿 l鈥檃ide d鈥檃ntir茅troviraux.

Photo: iAfrica Photos / Eric Miller

Le succ猫s commence par la solidarit茅

Parlant plus sp茅cialement de l鈥橝frique, Mme Mataka note que 鈥渄ans certaines des cultures, on apprend aux femmes d猫s le berceau 脿 锚tre soumises et ob茅issantes鈥�. Cette 茅ducation fait que les femmes ont beaucoup de mal 脿 se prot茅ger de l鈥檌nfection, ou 脿 se faire tester et traiter, souligne-t-elle. 鈥淐ombien de femmes, si elle allaient se faire tester, pourraient revenir 脿 la maison annoncer qu鈥檈lles 茅taient s茅ropositives et esp茅rer rester dans leur foyer ? Et si elles sont jet茅es 脿 la rue, quels choix ont-elles ? O霉 peuvent-elles aller ?"

M锚me les femmes qui ont d茅cid茅 de mettre fin 脿 une relation dangereuse ou violente peuvent se retrouver isol茅es et pi茅g茅es. 鈥淯ne v茅ritable pression est exerc茅e sur les femmes pour qu鈥檈lles restent mari茅es. La plupart du temps, si une femme d茅cide de divorcer, la soci茅t茅 ne l鈥檃ppuie pas, explique Mme Mataka. Les gens se contentent de dire : 鈥楥鈥檈st comme 莽a. Les hommes sont comme 莽a.鈥� Elles ont besoin de soutien pour 茅chapper 脿 des situations 脿 risques."

Mais faire 茅voluer les facteurs 茅conomiques et sociaux qui font courir des risques aux femmes est 鈥渦ne t芒che 茅norme鈥�, admet-elle. Elle ajoute que le point de d茅part 鈥渟erait pour nous de construire un tr猫s puissant mouvement de solidarit茅 pour se soutenir mutuellement鈥� Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, il vous faut un endroit o霉 passer la nuit, quelque chose 脿 manger. Vous devez 锚tre r茅confort茅e par d鈥檃utres femmes, recevoir leur soutien. Les femmes doivent se solidariser ind茅pendamment de leur statut social, leur niveau d鈥櫭ヾucation ou leurs moyens financiers鈥�.

Les premiers programmes de lutte contre le sida destin茅s aux femmes ont rarement pris en compte les besoins r茅els de celles-ci. Il ne suffisait pas d鈥檃dapter les programmes aux besoins des femmes. Il faut aussi fixer des objectifs chiffr茅s et un calendrier pr茅cis. Mme Mataka cite les efforts qui ont abouti en trois ans 脿 peine 脿 multiplier par huit le nombre d鈥橝fricains prenant des antir茅troviraux. 鈥淚l nous faut obtenir le m锚me r茅sultat en ce qui concerne le renforcement du pouvoir des femmes, affirme-t-elle.鈥�

Des progr猫s malgr茅 les 茅checs

Pour les hommes comme pour les femmes, la lutte contre le sida reste un d茅fi consid茅rable. En d茅pit d鈥檜ne multiplication par trente des sommes consacr茅es aux programmes contre le sida dans le monde depuis 1996, le nombre de nouvelles infections et de d茅c猫s continue 脿 progresser. Les d茅penses pour la pr茅vention, les soins et le traitement du VIH/sida devraient atteindre 10 milliards de dollars en 2007, mais c鈥檈st l脿 moins de la moiti茅 de la somme n茅cessaire.

L鈥檃cc猫s aux antir茅troviraux indispensables a fait un bond depuis 2003. Ils sont maintenant accessibles 脿 2 millions de personnes dans les pays en d茅veloppement, dont plus d鈥檜n million en Afrique. C鈥檈st cependant moins d鈥檜n quart de ceux et celles qui ont besoin de ces m茅dicaments, et le taux de nouvelles infections est six fois sup茅rieur au nombre de nouveaux patients qui commencent un traitement chaque ann茅e. 鈥淐e n鈥檈st pas acceptable et 莽a ne peut pas durer鈥�, avertit le Dr. Piot, qui note que cet 茅tat de fait risque de ruiner les efforts faits pour atteindre l鈥檕bjectif de l鈥檃cc猫s universel aux traitements que l鈥橭NU a fix茅 pour 2010.

Aussi sombres que puissent para卯tre les chiffres, ils sont encore pires pour les femmes. Seulement 11 % des femmes enceintes re莽oivent le traitement destin茅 脿 pr茅venir la transmission du virus 脿 leurs nouveau-n茅s, et dans certains des pays africains les plus touch茅s, seule une femme sur 10 a acc猫s aux tests de d茅pistage du VIH.

Mais selon Mme Mataka, il y a des signes de progr猫s. 鈥淟e fatalisme que je sentais il y a peut-锚tre cinq ou six ans recule sans aucun doute, affirme-t-elle. Les gens pensent que la solution est entre leurs mains et qu鈥檌ls peuvent faire quelque chose."

En particulier, la disponibilit茅 des traitements a commenc茅 脿 modifier fondamentalement les mentalit茅s. 鈥淟es gens savent que s鈥檌ls ont besoin d鈥檜n traitement, ils en auront un. Ils ont de moins en moins tendance 脿 voir un diagnostic de VIH/sida comme une condamnation 脿 mort. Les gens retournent au travail. Les enfants grandissent avec leurs parents."

Il existe d鈥檃utres modestes signes de progr猫s. Bien que les taux d鈥檌nfection stagnent ou augmentent dans la plupart des pays africains, le taux de progression a commenc茅 脿 ralentir chez les jeunes de 15 脿 24 ans dans huit pays d鈥橝frique orientale. ONUSIDA rapporte qu鈥檃u Kenya et au Malawi les jeunes ont moins de partenaires sexuels, signe que des ann茅es de programmes de pr茅vention commencent 脿 avoir un effet sur leur comportement.

Mme Mataka cite aussi les progr猫s de technologies que les femmes peuvent contr么ler, comme les microbicides et les pr茅servatifs f茅minins, ainsi que la multiplication des circoncisions masculines qui semblent r茅duire les taux d鈥檌nfection chez les hommes. Une victime de viol est r茅confort茅e au cours d鈥檜ne c茅r茅monie 脿 Khayelitsha (Afrique du Sud), o霉 un programme exp茅rimental traite les personnes s茅ropositives 脿 l鈥檃ide d鈥檃ntir茅troviraux. panac茅e. Les gens doivent continuer 脿 avoir des rapports sexuels prot茅g茅s, diminuer le nombre de leurs partenaires sexuels et utiliser des pr茅servatifs.鈥�

Des solutions africaines

En d茅pit des difficult茅s, l鈥橢nvoy茅e sp茅ciale est optimiste pour l鈥檃venir. 鈥淯n nouvel espoir se l猫ve en Afrique.鈥� Il faut mieux reconna卯tre 鈥渓es progr猫s que fait l鈥橝frique, que ses communaut茅s font鈥�. Les gens mettent en place des programmes de pr茅vention et de traitement sur les lieux de travail, s鈥檃ttaquent aux questions d鈥檈xclusion et de d茅fense des droits des personnes atteintes du VIH/sida鈥�.

En fin de compte, affirme-t-elle, 鈥渃e probl猫me doit trouver une solution africaine鈥� 脟a ne veut pas dire que l鈥橝frique n鈥檃 pas besoin des ressources internationales鈥�. La prise en charge de la lutte contre le sida par les Africains et la volont茅 politique sont indispensables, 鈥渕ais jusqu鈥櫭� ce que cette volont茅 politique soit traduite en ressources, elle aura un effet discutable sur la pand茅mie鈥�.

L鈥橝frique elle-m锚me doit faire plus. 鈥淐鈥檈st une urgence vitale鈥�, conclut-elle et les femmes sont la cl茅. 鈥淣ous devons renforcer nos capacit茅s et le r么le des femmes afin qu鈥檈lles puissent prendre le contr么le des programmes qui sont con莽us pour leurs besoins. L鈥橝frique doit r茅aliser que si elle ne traite pas la question des femmes, on ne fera pas de progr猫s pour enrayer l鈥櫭﹑id茅mie de VIH/sida.鈥�