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De plus en plus d'Africains acc猫dent aux m茅dias sociaux en ligne gr芒ce 脿 leurs t茅l茅phones portables.

Photograph: Africa Media Online / Anthony Kaminju

Au milieu des ann茅es 1990, au moment o霉 les t茅l茅phones portables s'imposent dans le quotidien des pays d茅velopp茅s, bien peu voient en Afrique un march茅 potentiel. Aujourd'hui, avec plus de 400 millions d'abonn茅s, le march茅 africain est plus important que le march茅 nord am茅ricain. L'Afrique a pr茅c茅d茅 le reste du monde dans le passage de la t茅l茅phonie fixe vers la t茅l茅phonie mobile, indique un rapport* de l'Union internationale des t茅l茅communications. L'histoire r茅cente offre peu d'exemples d'adoption aussi rapide de la t茅l茅phonie mobile et d'innovation aussi profonde (voir Une banque dans toutes les poches africaines?, Une meilleure sant茅 脿 la port茅e d鈥檜n 鈥渃lic鈥�).).

De toute 茅vidence, un sc茅nario identique est en train de s'茅crire. Cette fois, les Africains associent 脿 leur massive utilisation des t茅l茅phones portables, une passion plus r茅cente pour les m茅dias sociaux en ligne pour lancer une nouvelle tendance : le passage 脿 l'Internet mobile, dont les m茅dias sociaux sont les principaux vecteurs. Mary Meeker, analyste am茅ricaine de l'Internet, confirmait r茅cemment que l'Internet mobile et les m茅dias sociaux enregistrent le d茅veloppement le plus rapide dans le monde. L'utilisation de l'Internet mobile devrait bient么t d茅passer celle de l'Internet fixe, pr茅cisait-elle 茅galement.

L'Afrique est 脿 l'avant-garde de ces deux tendances. Des 茅tudes indiquent que lorsque les Africains se connectent sur Internet (principalement avec leurs t茅 l茅phones mobiles), ils vont plus souvent sur les r茅seaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube鈥�). La messagerie, la recherche de renseignements et la consultation de sites d'informations sont devenues des activit茅s secondaires.

Facebook, le principal r茅seau social en ligne est le site Web le plus visit茅 dans la plupart des pays africains. Il a r茅cemment enregistr茅 une croissance spectaculaire sur le continent et y compte plus de 17 millions d'abonn茅s. Ils 茅taient 10 millions en 2009. En comparaison, plus de 15% des internautes africains utilisent cette plateforme, contre 11% d'internautes asiatiques. Derri猫re Facebook, Twitter et YouTube comptent parmi les sites les plus visit茅s dans la majorit茅 des pays africains.

De m锚me que les autres Africains, les vedettes, intellectuels, hommes politiques et entreprises du continent sont pr茅sents sur ces r茅seaux. Le footballeur ivoirien, par ailleurs ambassadeur itin茅rant de l'ONU, Didier Drogba, a pr猫s d'un million de fans sur Facebook. L'茅conomiste zambienne Dambisa Moyo, auteur d'un essai iconoclaste sur l'aide au d茅veloppement est suivie par 26 000 personnes sur Twitter. Les m茅dias sud-africains et des compagnies comme Kenya Airways utilisent ces plateformes pour mieux dialoguer avec leur client猫le. Lors de r茅centes 茅lections en C么te d'Ivoire, les candidats ne se sont pas content茅s de faire campagne dans les villes et les villages, ils ont transpos茅 leur rivalit茅 en ligne, actualisant f茅brilement leurs profils sur Twitter et Facebook.

Contraintes et opportunit茅s

L'utilisation croissante des m茅dias sociaux en Afrique est d'autant plus remarquable que le nombre d'Africains connect茅s 脿 l'Internet est faible et que les difficult茅s d'y acc茅der sont nombreuses.

Les internautes africains (plus de 100 millions 脿 la fin de 2010) repr茅sentent une infime minorit茅 des deux milliards d'internautes que compte la plan猫te. Le continent a le taux de p茅n茅tration le plus faible du monde. Aux 脡tats-Unis, on compte plus de 220 millions d'utilisateurs d'Internet. Le pi猫tre bilan de l'Afrique s'explique par la raret茅 et les co没ts exorbitants des connexions haut-d茅bit (le moyen le plus rapide d'acc猫s), ainsi que par le nombre limit茅 d'ordinateurs.

Ces difficult茅s contribuent n茅anmoins au d茅veloppement impressionnant de l'Internet mobile en Afrique, dont les taux de croissance sont les plus rapides dans le monde. Une situation en passe de devenir banale, affirme Jon von Tetzchner, cofondateur d'Opera, le navigateur Internet pour t茅l茅phone portable le plus populaire du monde. "L'accessibilit茅 des t茅l茅phones mobiles signifie que l'Internet mobile peut permettre 脿 des dizaines de millions de personnes de se connecter; beaucoup plus que le Web par c芒bles". M. Tetzchner estime qu'脿 l'instar des t茅l茅phones mobiles, dont l'utilisation se r茅pand rapidement depuis quelques ann茅es en Afrique, le "Web mobile commence 脿 influencer le d茅veloppement 茅conomique, politique et social du continent".

Pour beaucoup d'Africains, le co没t 茅lev茅 et la mauvaise qualit茅 des connections limitent l'acc猫s traditionnel (par ordinateur) au r茅seau Internet.

Photo: Alamy Images / Peter Treanor

"Bouleversement sismique" 脿 l鈥檋orizon

Erik Hersman, l'un des bloggeurs africains les plus influents et cofondateur du site Ushahidi (voir Les jeunes politisent les m茅dias sociaux), se montre tout aussi enthousiaste. Dans un courriel 脿 Afrique Renouveau il estime qu'une fois "qu'on aura atteint une masse critique d'internautes dans certains pays africains (Kenya, Afrique du Sud, Ghana, Nig茅ria, 脡gypte), la forte p茅n茅tration de la t茅l茅phonie mobile sur le continent entra卯nera des bouleversements sismiques dans les services et l'information."

Pour l'heure, la perspective d'une croissance soutenue incite les grandes compagnies 脿 s'int茅resser davantage au bassin grandissant d'internautes africains. Apr猫s avoir lanc茅 en mai plusieurs versions dans certaines des principales langues africaines (dont le swahili, le haoussa et le zoulou), Facebook a annonc茅 qu'il offrirait l'acc猫s gratuit aux utilisateurs de t茅l茅phones mobiles dans de nombreux pays, en Afrique notamment. Depuis octobre, Google teste un nouveau service destin茅 脿 plusieurs r茅gions du continent. Provisoirement appel茅 Baraza ("lieu de rencontre" en swahili), il permettra aux internautes de dialoguer en posant et r茅pondant 脿 des questions d'int茅r锚t local ou r茅gional.

Les Africains eux aussi se pr茅parent 脿 profiter de la croissance annonc茅e de l'Internet mobile. En Afrique du Sud, MXit, un service local de messagerie qui compte autour de sept millions d'usagers, est devenu le plus important r茅seau social en ligne. D'Abidjan 脿 Accra, de Lusaka 脿 Nairobi, des programmeurs africains mettent au point, testent et lancent de nouvelles plateformes et de nouveaux outils con莽us localement et pour leurs publics.鈥�