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L¡¯avenir d¨¦pend de la jeunesse

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L¡¯avenir d¨¦pend de la jeunesse

¡ª Ahmad Alhendawi, ancien envoy¨¦ pour la jeunesse de l'ONU
Kingsley Ighobor
Afrique Renouveau: 
Ahmad Alhendawi.   ??Africa Renewal/Eleni Mourdoukoutas
Photo:?Africa Renewal/Franck Kuwonu
Ahmad Alhendawi. Photo: Africa Renewal/Franck Kuwonu
Ahmad Alhendawi a ¨¦t¨¦ l¡¯Envoy¨¦ du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU pour la jeunesse de 2013 ¨¤ 2017. Durant cette p¨¦riode, il a parcouru le monde, se rendant en Afrique 15 fois et plaidant pour l¡¯autonomisation des jeunes. M. Alhendawi a quitt¨¦ ses fonctions ¨¤ l¡¯ONU en f¨¦vrier dernier pour occuper le poste de Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯Organisation mondiale du mouvement scout. Avant de quitter New York, il a accord¨¦ un entretien ¨¤ Kingsley Ighobor »å¡¯Afrique Renouveau pour parler de ses r¨¦alisations et des difficult¨¦s qu'il a rencontr¨¦es ¨¤ l¡¯ONU, ainsi que des espoirs qu'il nourrit pour la jeunesse africaine.

Afrique Renouveau : Comment r¨¦sumeriez-vous vos quatre ann¨¦es pass¨¦es comme Envoy¨¦ du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral pour la jeunesse ?

M. Alhendawi : Ce fut une exp¨¦rience sans pareil. J¡¯ai int¨¦gr¨¦ l¡¯ONU ¨¤ l¡¯?ge de 27 ans, en tant que conseiller principal aupr¨¨s du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral. L¡¯ONU travaillait d¨¦j¨¤ sur les questions li¨¦es ¨¤ la jeunesse, mais ma nomination a mis en ¨¦vidence l¡¯importance croissante de ces questions au sein du Secr¨¦tariat de l¡¯ONU. Lorsque les jeunes entrepreneurs me demandaient quel ¨¦tait mon travail, je leur r¨¦pondais que ? j¡¯¨¦tais ¨¤ la t¨ºte »å¡¯une start-up ?. C¡¯¨¦tait mon sentiment, car nous ¨¦tions partis de pas grand-chose. Nous n¡¯avions pas de personnel, pas de budget ni de mandat, et tout ¨¦tait ¨¤ faire. Nous avons heureusement b¨¦n¨¦fici¨¦ »å¡¯un soutien consid¨¦rable. Nous avons vu la question de la jeunesse gagner en ampleur et en reconnaissance. J'ai? ¨¦galement parcouru le monde, pour rencontrer des jeunes et impliquer les ?tats membres et cela a ¨¦t¨¦ une exp¨¦rience incroyablement enrichissante. ?

?tiez-vous d¨¦pass¨¦ au d¨¦part ?

J¡¯¨¦tais totalement d¨¦pass¨¦ lors de mon arriv¨¦e. Je savais qu¡¯il s¡¯agissait »å¡¯une t?che colossale, mais je n¡¯avais pas pris la pleine mesure de sa complexit¨¦. Vous en faites davantage quand vous n¡¯¨ºtes pas intimid¨¦ par la structure.

Qu¡¯entendez-vous par ? intimid¨¦ par la structure ? ?

Je veux dire que de nombreuses personnes talentueuses travaillant dans de grandes organisations se laissent d¨¦courager par les structures, par la bureaucratie, par le fait que bon nombre de personnes vous disent : ? Non, cela ne fonctionne pas, cela ne fonctionnera pas. ??

Avez-vous ¨¦t¨¦ d¨¦courag¨¦? par la structure des Nations Unies ?

Lorsque j¡¯ai int¨¦gr¨¦ l¡¯ONU, je croyais beaucoup en l¡¯institution, et j¡¯y crois encore plus aujour»å¡¯hui. Il n¡¯est toutefois pas simple de travailler avec les bureaucraties. Il y a beaucoup de points complexes dont il faut tenir compte. J¡¯en devenais parfois dingue. Cependant, la plupart du temps, je m¡¯en sortais, b?tissais une coalition appropri¨¦e, me faisais des amis et parvenais ¨¤ quelque chose.?

Quelles sont vos deux ou trois r¨¦alisations les plus importantes ?

Je dirais que la question de la jeunesse n¡¯a jamais ¨¦t¨¦ aussi reconnue qu¡¯¨¤ l¡¯heure actuelle, ¨¤ en juger par le Forum de la jeunesse de l¡¯ECOSOC [Conseil ¨¦conomique et social] qui s¡¯est tenu en janvier. Pour la premi¨¨re fois, l¡¯ONU a organis¨¦ un forum qui a r¨¦uni les ministres de la Jeunesse des ?tats Membres et a accueilli 129 ministres de la Jeunesse. Il s¡¯agit l¨¤ »å¡¯une r¨¦ussite parce que l¡¯ONU doit? offrir cet espace afin de faciliter le dialogue et? l'organisation de d¨¦bats, d¨¦finir des normes et encourager un renforcement de l'entraide .?

Le contenu des objectifs de d¨¦veloppement durable est aussi une r¨¦ussite : 60 indicateurs (sur un total de 230) se rapportent au d¨¦veloppement des jeunes. Cela parce que les jeunes avaient ¨¦norm¨¦ment contribu¨¦? au processus qui a pr¨¦c¨¦d¨¦ l'adoption des objectifs de d¨¦veloppement durable. Ce n¡¯¨¦tait pas le cas pour les OMD.?

Nous avons aussi la R¨¦solution 2250 du Conseil de s¨¦curit¨¦ sur la jeunesse, la paix et la s¨¦curit¨¦. Pour la premi¨¨re fois de son histoire, le? Conseil des droits de l¡¯homme a adopt¨¦? une r¨¦solution sur les jeunes et les droits de l¡¯homme. ? Addis-Abeba (?thiopie), le premier r¨¦sultat de la Conf¨¦rence sur le financement du d¨¦veloppement met l¡¯accent sur les politiques? en faveur de la jeunesse et sur l¡¯¨¦panouissement des jeunes. Pour la premi¨¨re fois, la Commission de consolidation de la paix a mis en place un fonds pour les jeunes et la? consolidation de la paix. Et la liste ne s¡¯arr¨ºte pas l¨¤. Tous les aspects des op¨¦rations de l¡¯ONU pr¨ºtent d¨¦sormais attention aux questions relatives aux jeunes.?

Quel est l¡¯impact de ces r¨¦solutions ou de ces cadres sur les jeunes dans les collectivit¨¦s locales ? ?

En fin de compte, on ne peut pas r¨¦soudre un probl¨¨me si on n'en parle pas, pas plus qu'on ne peut? le r¨¦soudre si on se contente d'en parler . Mon travail consistait ¨¤ faire en sorte? que l¡¯on parle de ces sujets de fa?on concr¨¨te. Maintenant, si vous me demandez si la situation des jeunes s¡¯est am¨¦lior¨¦e dans les pays, je ne pense pas que l¡¯am¨¦lioration soit consid¨¦rable pour le moment, et c¡¯est pourquoi nous devons en faire davantage.?

Pr¨¨s de 60 % des ch?meurs en Afrique sont des jeunes. Quelles sont les cons¨¦quences »å¡¯un tel chiffre ?

Le potentiel de l¡¯Afrique et de sa jeunesse est gaspill¨¦. Si les pays se d¨¦sint¨¦ressent de leurs jeunes, ils finissent par devenir des ?tats d¨¦faillants. L¡¯Afrique compte le plus grand pourcentage? de jeunes au monde. On parle »å¡¯un dividende d¨¦mographique pour l¡¯Afrique. Ce que nous avons maintenant en Afrique n¡¯est pas le ? dividende ?, c¡¯est juste un renflement de la population de jeunes.

Pourquoi pas un dividende ?

Le dividende est le r¨¦sultat de vos investissements. Si vous investissez bien, vous obtenez des r¨¦sultats : vous obtenez un dividende de la paix et un dividende du d¨¦veloppement. Mais cela ne se produit pas tout seul.?

Vous voulez dire que le manque »å¡¯investissements dans la jeunesse mettra en p¨¦ril les perspectives de paix ou de d¨¦veloppement ?

Oui. De tout temps, il y a eu une corr¨¦lation entre la hausse du nombre de jeunes et les transitions. Lorsque les tigres asiatiques avaient trop de jeunes, ils connaissaient une transition ¨¦conomique. L¡¯Europe de l¡¯Est et le Printemps arabe : il s'agissait l¨¤ de transitions politiques. Je pense qu¡¯il appartient ¨¤ l¡¯Afrique et ¨¤ ses dirigeants de d¨¦cider quelle sera la transition.?

Ceux qui d¨¦fendent les droits des jeunes, portent-ils une attention accrue? aux perspectives de d¨¦veloppement des femmes et des filles ??

Absolument ! En Afrique du Nord, par exemple, le taux de ch?mage chez les jeunes femmes et les filles est deux fois plus ¨¦lev¨¦ que chez les jeunes hommes. L¡¯Ouganda enregistre un taux ¨¦lev¨¦ de grossesses chez les adolescentes. C¡¯est simple, les jeunes femmes et les filles ne peuvent pas ¨ºtre nombreuses ¨¤ garder un emploi et ¨¤ faire carri¨¨re si elles sont victimes de mariages pr¨¦coces, de grossesses pr¨¦coces ou de mortalit¨¦ maternelle ¨¦lev¨¦e. Veiller ¨¤ ce que les filles soient scolaris¨¦es et puissent profiter de leur enfance est crucial pour le d¨¦veloppement. Je pense qu¡¯il n¡¯y a plus »å¡¯espoir pour une jeune fille mari¨¦e ou enceinte ¨¤ 13 ans. Cela signifie qu¡¯elle va abandonner l¡¯¨¦cole et qu'elle risque »å¡¯¨ºtre prise dans le cercle vicieux de la pauvret¨¦ et de l¡¯analphab¨¦tisme.

Certaines soci¨¦t¨¦s africaines tol¨¨rent le mariage des enfants et la grossesse des adolescentes. Comment pouvons-nous faire tomber ces barri¨¨res culturelles ??

Il faut? que les dirigeants locaux, religieux et communautaires, ainsi que les hommes politiques, disent la v¨¦rit¨¦ : laisser les filles terminer leur scolarit¨¦ et faire des choix ¨¦clair¨¦s pour leurs vies est essentiel.?

Bon nombre de pays africains ont ¨¦labor¨¦ des strat¨¦gies pour l¡¯¨¦panouissement? de leurs jeunes, mais ces strat¨¦gies ne se traduisent pas n¨¦cessairement par une vie meilleure pour ces derniers. Qu¡¯est-ce qui fait d¨¦faut ?

Il n¡¯existe pas un seul profil »å¡¯¨¦chec en ce qui concerne les politiques pour la jeunesse, mais des points communs qui incluent, fondamentalement, un manque de volont¨¦ politique s¨¦rieuse, un manque de financement et l'absence d'engagement v¨¦ritable? aupr¨¨s des jeunes. Il y a aussi la faiblesse des structures : les cadres juridiques, la fiscalit¨¦, l¡¯acc¨¨s au cr¨¦dit, entre autres.?

L¡¯innovation et la technologie peuvent-elles changer la donne pour les jeunes ?

Bien s?r. La technologie de l¡¯information poss¨¨de un ¨¦norme potentiel. Mais il faut une main-»å¡¯?uvre plus qualifi¨¦e, des jeunes plus qualifi¨¦s et plus »å¡¯investissements dans la jeunesse. Nous voyons de formidables start-ups ¨¦merger de l¡¯Afrique, avec de nouveaux individus qui influencent notre mani¨¨re? de travailler.?

De quelle mani¨¨re votre nouveau poste concorde-t-il avec? vos fonctions ¨¤ l¡¯ONU ?

Je serai ¨¤ la t¨ºte »å¡¯une organisation qui compte? 40 millions de membres. En fait, je suis all¨¦ voir? le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral pour lui faire savoir que j¡¯allais accepter ce poste [Mouvement scout]. Il m¡¯a dit qu¡¯il s¡¯agissait »å¡¯une tr¨¨s bonne affaire pour les Nations Unies. ? Nous en perdons un, mais en gagnons 40 millions ?, a-t-il dit. Je pense qu¡¯il a raison. Il faut passer aux choses s¨¦rieuses ; nous ne pouvons pas nous contenter de? parler des objectifs de d¨¦veloppement durable.?

Comment voyez-vous l¡¯avenir des jeunes en Afrique en particulier ?

Je suis convaincu qu¡¯il sera radieux, car l¡¯¨¦nergie que j¡¯ai vue l¨¤-bas, ainsi que les talents, sont? sans ¨¦gal.? ?

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