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La pauvreté s'aggrave dans les PMA d'Afrique

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La pauvreté s'aggrave dans les PMA d'Afrique

Principale cause d'après la CNUCED : la dépendance vis-à-vis des produits de base
Afrique Renouveau: 

Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la pauvreté dans les pays les moins avancés (PMA) d'Afrique s'accroît considérablement par rapport aux PMA d'autres régions de la planète. D'après le rapport de la CNUCED intitulé "Les pays les moins avancés 2002" et publié en juin, dans 29 PMA africains, le pourcentage de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour est passé de 82 % à la fin des années 60 à 87,5 % à la fin des années 90. Le pourcentage de ceux qui vivent dans l'extrême pauvreté, avec moins d'un dollar par jour, a progressé de 55,8 % à 64,9 %. Le nombre d'Africains vivant dans l'extrême pauvreté est passé dans ces pays de 89,6 millions à 233,5 millions pendant cette période.

L'ONU a classé dans la catégorie des PMA 49 pays ; ce classement est établi sur la base de leur faible PIB par habitant, de leurs ressources humaines limitées, et de leur niveau de diversification économique insuffisant. Sur ce total, 33 pays se trouvent en Afrique subsaharienne, et la plupart des autres dans la région Asie-Pacifique.

Le rapport de la CNUCED utilise une nouvelle méthode d'évaluation de la pauvreté. Plutôt que de calculer le pourcentage de pauvres à partir des seuls éléments fournis par les enquêtes des ménages, comme le font la Banque mondiale et d'autres institutions, la CNUCED tient aussi compte des estimations se fondant sur les comptabilités nationales. La CNUCED estime que cette méthode est plus fiable, notamment dans le cas des pays les plus pauvres : selon les auteurs du rapport, les enquêtes auprès des ménages ont souvent tendance à sous-représenter les catégories les plus démunies de la population, ce qui a entraîné et entraîne encore une sous-estimation systématique du phénomène global de la pauvreté.

L'étude constate que, dans les PMA d'Afrique, la pauvreté s'accentue, en même temps qu'elle s'étend à un plus grand nombre de personnes. La consommation journalière moyenne des Africains vivant avec moins d'un dollar par jour a baissé de 0,66 dollars en 1975-1979 à 0,59 dollars en 1995-1999. A l'inverse, la consommation journalière moyenne des catégories très pauvres dans cinq PMA d'Asie est passée de 0,84 à 0,90 dollars. Le pourcentage de pauvres dans les PMA d'Asie ne cesse de reculer ().

Dépendance envers les produits de base

La CNUCED estime que les mauvais résultats économiques et la pauvreté croissante dans les PMA africains sont étroitement liés à la place trop importante qu'occupent les exportations de matières premières dans l'économie de ces pays. La majorité des PMA d'Afrique sont tributaires d'un petit nombre de produits de base à faible valeur ajoutée, comme les minerais ou les produits agricoles. Cette dépendance les rend très vulnérables aux fluctuations des marchés internationaux, surtout à la chute des cours de matières premières qui s'est produite ces dernières années.

De 1997 à 2001, les cours du cuivre ont chuté de 27 %, le prix du coton de 39 % et les cours du café de 66 %, portant un coup rude aux économies faiblement diversifiées des PMA africains. Les perspectives ne sont meilleures que pour les PMA producteurs de pétrole comme l'Angola, la Guinée équatoriale et le Soudan. Dans ces pays, les cours du brut, généralement faibles, n'ont tout de même pas replongé aux niveaux très bas des années 1997-1999 et le pétrole sous-tend la croissance économique.

Le rapport souligne que les pays qui obtiennent les meilleurs résultats sont ceux qui ont des secteurs de produits de base très productifs et des parts de marché croissantes. Même les PMA pauvres d'Asie sont moins tributaires des exportations de matières premières que les PMA d'Afrique.

Selon le rapport, cette situation contribue à freiner la croissance économique et à accentuer la pauvreté dans les PMA, ces pays étant reliés à l'économie mondiale par un réseau complexe de liens de dépendance commerciale et financière vis-à-vis des pays développés. La mondialisation accentue plutôt qu'elle ne combat "l'engrenage de la pauvreté dans le monde", affirme l'étude.

Mais comment se forme cet engrenage ? La dépendance forte et constante vis-à-vis des produits de base de faible valeur freine la progression des exportations. Cela conduit à une dette extérieure intenable, et à une dépendance encore plus marquée vis-à-vis de l'aide extérieure. Il s'ensuit un affaiblissement des capacités de l'Etat, qui engendre l'instabilité politique et des conflits. Cette situation accentue la pauvreté, affaiblit les entreprises et décourage les investisseurs, rendant le pays plus tributaire encore des exportations de produits de base.

Afin de réduire cette dépendance, certains PMA se sont tournés vers le tourisme en espérant obtenir des rentrées de devises étrangères. Le rapport constate toutefois que dans de nombreux PMA, les "fuites" financières restreignent les avantages anticipés d'un secteur touristique florissant. Le rapatriement des bénéfices dans le pays d'origine de l'investisseur, les fonds envoyés à l'étranger par les travailleurs et l'importation de biens et de services nécessaires aux activités touristiques concourent à ce phénomène. Si elle n'est pas fortement dépendante de la population locale, l'activité touristique a généralement un impact limité sur la réduction de la pauvreté.

Effets contraires du libéralisme commercial

La CNUCED invite les PMA à envisager des politiques commerciales plus restrictives au niveau international, plutôt qu'à procéder à la vaste libéralisation des échanges préconisée par le Fonds monétaire international (FMI) et les donateurs. A ce jour, aucune étude n'a pu établir une corrélation entre libéralisation commerciale et réduction de la pauvreté. A vrai dire, d'après l'indice de restriction des échanges du FMI, il semblerait que la pauvreté s'accentue précisément dans les pays en développement qui libéralisent le plus leurs échanges. A l'inverse, le rapport reconnaît que rien ne prouve que l'absence de mesures de libéralisation favorise la diminution de la pauvreté. Dans ces conditions, il est difficile de tirer des conclusions définitives.

En revanche, les conséquences négatives de la libéralisation du commerce ne sont plus à prouver. Le secteur de la tomate sénégalaise en est un bon exemple. En 1990-1991, la production de concentré de tomates du Sénégal atteignait 73 000 tonnes. Ces sept dernières années, elle a chuté à moins de 20 000 tonnes. Cet effondrement est largement imputable, selon la CNUCED, à la libéralisation des échanges commerciaux, qui a permis aux tomates importées, notamment en provenance d'exportateurs subventionnés de l'Union européenne, d'envahir le marché sénégalais.

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