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芦 Plus de coups d鈥橢tat en Afrique, 禄 d茅clarent des manifestants 脿 Bamako, au Mali, lors d'une visite d'une d茅l茅gation de la Communaut茅 茅conomique des 脡tats de" "l鈥橝frique de l鈥橭uest.鈥�

Photograph: Reuters / Luc Gnago

En mai, Sa茂d Djinnit, Directeur du Bureau des Nations Unies pour l鈥橝frique de l鈥橭uest (UNOWA), a fait part aux membres du Conseil de s茅curit茅 de ses inqui茅tudes sur la situation actuelle en Afrique de l鈥橭uest. Au cours des deux derniers mois, a d茅clar茅 M. Djinnit aux membres du Conseil, les coups d'脡tat militaires ont fait 茅chouer les pr茅paratifs des 茅lections d茅mocratiques au Mali et en Guin茅e-Bissau. Le S茅n茅gal, o霉 est bas茅 son bureau, a tout juste r茅ussi 脿 茅chapper 脿 une flamb茅e de violence. Les violences 茅lectorales enregistr茅es au Nig茅ria en avril 2011 ont caus茅 la mort de plus de mille personnes, et les attaques terroristes 鈥� dirig茅es par un groupe islamiste appel茅 Boko Haram 鈥� se sont depuis intensifi茅es, entra卯nant encore plus de morts et de destruction dans le pays.

L'an dernier, la guerre civile qui couvait en C么te d'Ivoire a refait surface apr猫s que le pr茅sident sortant, Laurent Gbagbo, a refus茅 de reconna卯tre les r茅sultats d鈥檜n verdict 茅lectoral contre lui. En fait, au cours de l'ann茅e 茅coul茅e, l'Afrique a connu huit tentatives similaires de renversement ou de maintien anticonstitutionnel ou extraconstitutionnel au pouvoir, et certaines ont r茅ussi. Il faut faire quelque chose pour renverser cette tendance, a d茅clar茅 M. Djinnit aux membres du Conseil.

La d茅mocratie devient la norme

L鈥橝frique de l'Ouest 茅tant pass茅e par des coups d鈥櫭塼at et des guerres civiles, il 茅tait in茅vitable que les d茅veloppements r茅cents provoquent de fortes inqui茅tudes. Pourtant, ces 10 derni猫rses ann茅es, les 茅lections et les changements pacifiques de gouvernement devenaient de plus en plus la norme. Certaines guerres de longue dur茅e, comme celles du Lib茅ria et de la Sierra Leone ont pris fin, et des 茅lections d茅mocratiques ont permis de mettre en place des gouvernements plus comp茅tents.

Le fait que l鈥橝frique dans son ensemble devient de plus en plus d茅mocratique, stable et prosp猫re gr芒ce 脿 des 茅lections fr茅quentes a m锚me 茅t茅 lou茅 par le magazine londonien 脿 la vision mod茅r茅ment 芦听 afro-pessimiste听禄 The Economist. Un de ses articles parus en juillet 2010 faisait ainsi remarquer: 芦听Il y a dix ans 脿 peine, des pays comme la Sierra Leone et le Lib茅ria 茅taient synonymes d鈥檃narchie et de carnage. 脌 pr茅sent, leurs citoyens votent avec enthousiasme. Il sera difficile, m锚me 脿 des dictateurs, de les priver totalement de ce droit, car l'exp茅rience d鈥櫭﹍ections, m锚me si elles sont entach茅es d'irr茅gularit茅s, semble favoriser l鈥檌nstauration de la d茅mocratie听禄.

A la suite des coups d鈥櫭塼at en Mauritanie et en Guin茅e et de la tentative de coup d鈥櫭塼at en Guin茅e-Bissau, l鈥橴nion Africaine (UA) a 茅nonc茅, en f茅vrier 2009, une politique de tol茅rance z茅ro pour tous les coups d鈥櫭塼at. Elle a condamn茅 la 芦听 r茅surgence du fl茅au des coups d鈥櫭塼at en Afrique听禄 et d茅clar茅 qu'elle ne reconna卯trait jamais un gouvernement qui arrive au pouvoir inconstitutionnellement 鈥� position approuv茅e plus tard par le Conseil听de s茅curit茅 de l鈥橭NU.

Le cri d鈥檃larme de M. Djinnit et la condamnation rapide des coups d鈥櫭塼at au Mali et en Guin茅e-Bissau 鈥� d'abord par la Communaut茅 茅conomique des 脡tats de l鈥橝frique de l鈥橭uest (CEDEAO), puis par l鈥橴A et le Conseil de S茅curit茅 鈥� 茅taient donc pr茅visibles. Toutefois, la tournure prise par les 茅v茅nements fait appara卯tre la complexit茅 de la situation.

La Guin茅e-Bissau a constitu茅 une exception 脿 la tendance g茅n茅rale 脿 la d茅mocratisation en Afrique de l鈥橭uest听: le pays a connu cinq coups d鈥櫭塼at militaires au cours de la derni猫re d茅cennie, et aucun pr茅sident 茅lu n鈥檃 achev茅 son mandat. Ainsi, lorsque des soldats se sont empar茅s du pouvoir le 12 avril et ont emprisonn茅 le pr茅sident par int茅rim Raimundo Pereira, le Premier Ministre Carlos Gomes Junior et plusieurs autres hauts fonctionnaires, provoquant l鈥檃rr锚t des pr茅paratifs du second tour de l'茅lection pr茅sidentielle, cela n鈥檃 pas particuli猫rement surpris.

Recul au Mali

Le Mali 茅tait par contre reconnu comme un mod猫le d鈥櫭﹙eil d茅mocratique en Afrique de l'Ouest, de sorte que les 茅v茅nements qui s'y sont d茅roul茅s en ont surpris plus d鈥檜n. Le 22 mars, des soldats dirig茅s par un jeune officier nomm茅 Amadou Sanogo ont abandonn茅 une op茅ration militaire chancelante contre les rebelles touaregs dans le nord du pays et ont arrach茅 le pouvoir 脿 Amadou Toumani Tour茅. La CEDEAO a imm茅diatement condamn茅 le putsch et impos茅 des sanctions financi猫res et autres au Mali.

Il ne s鈥檃gissait pas simplement d鈥檜ne d茅rive de l'arm茅e : des facteurs externes ont 茅videmment jou茅 un r么le d茅cisif dans la tournure des 茅v茅nements. La situation 茅tait li茅e au retour au Mali de dizaines de milliers de migrants, dont quelques milliers de combattants touaregs lourdement arm茅s et aguerris ayant fui la Libye apr猫s le renversement du dictateur Mouammar Kadhafi. Ces combattants ont apport茅 du renfort au petit nombre d鈥檌rr茅dentistes touaregs surtout confin茅s au Nord du Mali, conduisant 脿 la prise par les rebelles des trois r茅gions du nord : Gao, Kidal et Tombouctou et 脿 la proclamation de la s茅cession du Sud du Mali.

On peut s鈥檃ttendre 脿 des cons茅quences importantes pour la r茅gion, au-del脿 m锚me du Mali. En janvier, le rapport d鈥檜ne mission interinstitutions des Nations Unies au Sahel visant 脿 茅valuer l'impact du retour au Mali, au Niger et en Mauritanie d'environ 420 000 travailleurs migrants, a pr茅dit un regain d'instabilit茅. La mission a constat茅 que des armes l茅g猫res, des explosifs, des grenades propuls茅es par fus茅e et des canons antia茅riens de petit calibre mont茅s sur pick-up en provenance de la Libye se retrouvaient entre les mains des diff茅rents s茅paratistes et d'autres rebelles. Des groupes comme Al-Qa茂da au Maghreb islamique (AQMI) et Boko Haram du Nig茅ria affluaient d茅j脿 vers le Mali au milieu de l鈥檃nn茅e 2011. Plusieurs r茅gions du Mali, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad ont 茅t茅 submerg茅es par les rapatri茅s de la Libye, dont 95% sont des hommes peu instruits, 芒g茅s de 20 脿 40 ans et aigris. L鈥橝QMI repr茅sentait une lueur d鈥檈spoir pour certains de ces rapatri茅s, facilitant des recrutements potentiels et l鈥檕btention d鈥檜n soutien populaire, a-t-on rapport茅 脿 la mission.

Selon la mission, les mesures les plus prometteuses adopt茅es pour faire face 脿 ces probl猫mes ont probablement 茅t茅 celles prises dans le cadre du Programme sp茅cial pour la paix, la s茅curit茅 et le d茅veloppement du nord-Mali, un projet phare du pr茅sident Tour茅, bien qu鈥檌l f没t localement entach茅 de rumeurs de mauvaise gestion. Deux mois 脿 peine apr猫s la publication du rapport, le coup d鈥櫭塼at a eu lieu, et M. Tour茅 s鈥檈st enfui par la suite au S茅n茅gal.

Pr茅venir la crise au S茅n茅gal

Lorsque M. Tour茅 est arriv茅 au S茅n茅gal en avril en tant que r茅fugi茅, la sc猫ne frisait le path茅tique. Moins de deux mois plus t么t, le Mali, avec le respectable M. Tour茅 qui pr茅sidait un processus 茅lectoral auquel il ne participait pas, semblait plus louable que le S茅n茅gal, qui se trouvait alors au fond d鈥檜n bourbier r茅sultant des t芒tonnements du pr茅sident.

Le S茅n茅gal a toujours 茅t茅 une d茅mocratie constitutionnelle depuis son ind茅pendance de la France en 1960, et n'a pas subi de coup d鈥櫭塼at ni de graves troubles politiques. Cela laisse entendre que les 茅lections 茅taient devenues chose courante. Toutefois, le pr茅sident Abdoulaye Wade, arriv茅 au pouvoir en 2000 et d茅j脿 octog茅naire, avait introduit une nouvelle constitution. La Cour constitutionnelle avait rendu une curieuse d茅cision judiciaire permettant 脿 M. Wade de briguer un troisi猫me mandat, en affirmant que puisque la constitution 茅tait nouvelle, son premier mandat ne pouvait 锚tre compt茅. L'argument avait une logique 茅troitement l茅galiste incompr茅hensible pour la plupart des S茅n茅galais. Tout ce qu'ils savaient 茅tait que, selon la constitution le pr茅sident ne devait pas servir plus de deux mandats, et que M. Wade avait d茅j脿 effectu茅 ses deux mandats.

Il y a eu des protestations de masse, qui ont entra卯n茅 la mise 脿 feu de b芒timents publics ainsi que plusieurs d茅c猫s. Les S茅n茅galais 鈥� et le monde entier 鈥� se pr茅paraient au pire. Finalement, lors des 茅lections en f茅vrier, M. Wade n鈥檃 obtenu que 34,8% des voix au premier tour. Le mois suivant, au second tour, il 茅tait 茅cras茅 par Macky Sall 芒g茅 de 51 ans, et qui avait 茅t茅 son Premier ministre. Apr猫s cet humiliant 茅chec, M. Wade听a remis le pouvoir 脿 M. Sall.

Quelle explication donner aux aboutissements diff茅rents observ茅s au Mali et au S茅n茅gal? Tout d'abord, bien 茅videmment, il y a eu la progression de la r茅bellion au Mali, soutenue par des armes libyennes. Il faut aussi souligner que les deux pays n鈥檕nt pas du tout le m锚me pass茅 historique, et que le S茅n茅gal a des institutions 茅lectorales et une culture d茅mocratique beaucoup plus fortes que le Mali. En fait, les quatre communes de la colonie fran莽aise du S茅n茅gal connaissaient d茅j脿 des droits d茅mocratiques remarquables au XIXe si猫cle. L鈥檋istoire a son importance.

Les 茅lections : l鈥櫭﹍茅ment d茅clencheur

Pourtant, les traditions d茅mocratiques du S茅n茅gal n'ont pas emp锚ch茅 les tensions et la violece pr茅-茅lectorales, ce qui sugg猫re que m锚me les syst猫mes d茅mocratiques relativement solides de la r茅gion sont vuln茅rables. Vuln茅rables 脿 quoi? Dans tous les cas cit茅s, les 茅lections 茅taient en cours ou approchaient.

Les 茅lections sont-elles en train de devenir, comme le sugg猫re le politologue britannique et sp茅cialiste de l鈥橝frique, Dennis Austin, un 芦听 facteur favorisant la violence听禄 dans les d茅mocraties fragiles d'Afrique de l鈥橭uest? Les politiques de concurrence, bien que s茅duisantes, renforcent clairement le sentiment de division dans diverses soci茅t茅s, 茅tant donn茅 la forte tentation qu鈥櫭﹑rouvent des dirigeants sinistres 脿 exploiter des failles ethniques et autres faiblesses. Le probl猫me est qu鈥檌l semble ne pas y avoir de meilleure solution.

Un rapport sur les 茅lections et la stabilit茅 en Afrique de l鈥橭uest publi茅 en juin par l鈥橧nstitut international pour la paix bas茅 脿 New York, recommande une approche cr茅ative face 脿 l鈥檃ssistance 茅lectorale. Ce rapport propose que l鈥檃ide 茅lectorale externe soit int茅gr茅e dans une strat茅gie plus large de pr茅vention des conflits qui s鈥檌nt茅resse aux aspects politiques et听techniques du processus 茅lectoral.

En d'autres termes, la tenue d鈥櫭﹍ections libres doit 锚tre consid茅r茅e comme l鈥檜ne des composantes d'un engagement 脿 long terme en faveur du renforcement de la d茅mocratie. Il faut aussi souligner les appels croissants lanc茅s 脿 la communaut茅 internationale pour qu鈥檈lle reste ferme dans sa d茅cision de n鈥檃pprouver aucun coup d'脡tat, position aussi adopt茅e par l鈥橴nion africaine.鈥�