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L’Afrique compte restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030

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L’Afrique compte restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030

© Andrea Borgarello / World Bank
© Andrea Borgarello / World Bank
© Andrea Borgarello / World Bank

WASHINGTON, le 14 novembre 2016 –ÌýLes pays d’Afrique subsaharienne se sont engagés dans le projetÌý ambitieux de restaurer et gérer durablement 100Ìýmillions d’hectares de terres dans la région d’ici 2030.

Certains obtiennent déjà des résultats positifsÌý: au Niger, 1,2Ìýmillion d’agriculteurs ont restauré 5Ìýmillions d’hectares de terres arables et planté 200Ìýmillions d’arbres grâce à leurs propres ressources. En Éthiopie, des habitants ont offert de travailler bénévolement 45Ìýjours par an pour déblayer 90Ìýmillions de tonnes de rochers et de terre sur des sols à restaurer. Au Kenya, leÌýGreen Belt Movement, fondé en 1977 par Wangari Mathai, a incité les communautés à planter 51Ìýmillions d’arbres.

«ÌýEn Afrique, 65Ìý% des sols sont dégradés et le continent voit disparaître chaque année pratiquement 3Ìýmillions d’hectares de forêts, les pertes de terres et de nutriments amputent son PIB annuel de 3Ìý%Ìý», souligne Magda Lovei, chef de division au pôle Environnement et ressources naturelles de laÌýBanque mondiale, où elle est responsable des pays d’Afrique. «ÌýLa restauration des sols permet à tous ces paysages de recouvrir leur intégrité écologique. Elle contribue à atténuer le changement climatique et à conforter les moyens de subsistance des populations vivant dans un environnement revalorisé.Ìý»

En Afrique comme ailleurs, des initiatives nationales, régionales et mondiales ont vu le jour pour lutter contre la dégradation des sols, un phénomène dont l’ampleur est reconnue dans les diverses propositions et déclarations. L’objectifÌý? Renforcer la résilience des moyens de subsistance et des écosystèmes, concrétiser les engagements pris lors de l’Accord de Paris au titre des contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) et appuyer la réalisation des objectifs de développement durable portés par l’ONU.

Dans la déclaration finale de la conférence de Rio+20, les délégués s’étaient engagés àÌýlutter contre la dégradation des solsÌý(a) soit en renonçant à la destruction des terres, soit en compensant toute destruction par la restauration de terres dégradées. La Convention sur la diversité biologique d’Aichi prévoit de restaurer 15Ìý% des terres dégradées d’ici 2020 tandis que le Défi de Bonn pour la restauration des forêts ambitionne de restaurer 150Ìýmillions d’hectares dans le monde d’ici 2020 et 350Ìýmillions d’ici 2030. Pour l’Afrique, deux initiatives veulent, pour la première, renforcer la résilience des habitants et des écosystèmes du Sénégal à l’Érythrée (c’est la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel) et, pour la seconde, restaurer 100Ìýmillions d’hectares d’ici 2030 (c’est l’objectif de l’AFR100 pour la restauration des paysages forestiers en Afrique).

Les États africains manifestent un intérêt accru pour la restauration des terres dégradées, sachant que celle-ci est indispensable au renforcement de la résilience de paysages vulnérables. Ces pays s’appuient sur des technologies sophistiquées pour faire des choix éclairésÌý: il s’agit de décider du nombre d’hectares pouvant être remis en état, des moyens financiers à mobiliser, des meilleures pratiques à adopter, des incitations politiques, financières et sociales à mettre en place mais également de prévoir les arbitrages et les gains pour les agriculteurs.

Après de nombreuses tentatives infructueuses de la communauté internationale pour contraindre les pays à restaurer leurs terres, les initiatives spontanées ont pris le dessus. De nombreux pays évaluent actuellement les possibilités de restauration et prennent des engagements quantifiés.

Mais la généralisation à grande échelle de pratiques durables de restauration des terres et de gestion des paysages en Afrique requiert un soutien massif. C’est pourquoi dirigeants africains, représentants de la Banque mondiale et partenaires de développement se sont rassemblés aujourd’hui à Marrakech, à l’occasion de la COP22 sur le changement climatique, dans le cadre d’une réunion multisectorielle visant à promouvoir les engagements et les objectifs des pays africains et à favoriser la mobilisation de ressources dans les mois qui viennent.

À ce jour, 21Ìýpays d’Afrique se sont engagés à remettre en état plus de 63Ìýmillions d’hectares d’ici 2030, l’Éthiopie consentant le plus gros effort, avec 15Ìýmillions d’hectares, soit plus que la superficie de l’Angleterre. Le Rwanda, pionnier en la matière, entend restaurer plus de 2Ìýmillions d’hectares, dont 80Ìý% de terres agricoles. Tandis que de nouveaux engagements importants et des prises de position officielles sont venues de plusieurs autres paysÌý: Bénin, Burundi, Côte d’Ivoire, Guinée, Ghana, Kenya, Malawi, Sénégal et Tanzanie.

«ÌýLes perspectives de restauration des sols en Afrique, où plus de 700Ìýmillions d’hectares de terres sont dégradées, sont plus importantes que partout ailleursÌý», affirme Estherine Fotabong, directrice de programmes au NEPAD (Union africaine). «ÌýPour réussir, nous devons agir à l’échelle continentale en adoptant un programme étayé par des données et rigoureux qui, à l’instar du partenariatÌýTerrAfricaÌý(a), rassemble toutes les initiatives dans un cadre commun tout en tenant compte des priorités nationales.Ìý»

Dans ce contexte, l’Union africaine a adoptéÌýl’Initiative africaine des paysages résilients (ARLI), qui promeut des interventions multisectorielles globales contre la dégradation des terres dans la région, quel que soit leur usage (forêts, terres arables, pâturages…). Lancée l’an dernier à Paris, l’ARLI constitue un cadre politique rassemblant différentes initiatives aux objectifs similaires. Elle fait partie duÌý«ÌýBusiness planÌý» pour le climat en Afrique, le plan d’action dont s’est doté le Groupe de la Banque mondiale pour renforcer la résilience face au changement climatique. D’ici décembre 2016, l’institution aura approuvé pour environ 900Ìýmillions de dollars de projets en faveur de 11Ìýpays arides, qui viendront soutenir une gestion durable des forêts et des paysages, le développement d’une agriculture climato-intelligente et la mise en place de dispositifs de protection sociale.

«ÌýC’est un programme ambitieux mais réalisteÌý», affirme Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable. «ÌýJ’appelle tous nos partenaires africains et de développement à élaborer une feuille de route commune, tournée vers des actions en profondeur et assortie d’objectifs réalistes, afin de resserrer notre collaboration autour d’initiatives regroupées dans un cadre unique.Ìý»

L’Afrique est la région la plus touchée par le changement climatique, alors que les terres dans leur ensemble (terres agricoles, pâturages, forêts, marécages) représentent jusqu’à 70Ìý% de son socle de ressources naturelles, assurent 70Ìý% de l’emploi en zones rurales et fournissent 70Ìý% de l’énergie (bois de chauffage et charbon) (TerrAfrica /FAO/Banque mondiale, 2010). À l’horizon 2050, sa population aura doublé.

«ÌýPour pouvoir nourrir tous les Africains, s’assurer que notre agriculture pluviale peut perdurer et éviter l’assèchement de nos cours d’eau, nous devons trouver un moyen de maintenir l’intégrité de nos écosystèmes et de nos paysagesÌý», affirme Wanjira Mathai. «ÌýSi nous échouons à protéger le continent des effets dévastateurs du changement climatique, de la dégradation des terres et de la disparition des biens, nous risquons de perdre gros. Pour l’Afrique, la restauration des sols est une question de vie ou de mort.Ìý»

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