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Depuis combien de temps travaillez-vous en tant que professionnel de la sant茅 et qu'est-ce qui vous a pouss茅 脿 choisir cette carri猫re ?

Je suis professionnelle de la sant茅 depuis sept ans maintenant. Je suis dipl么m茅e de l'universit茅 de Port Harcourt et j'ai fait un stage 脿 l'h么pital universitaire de Port Harcourt.

Ce qui est dr么le, c'est que je ne voulais pas 锚tre m茅decin quand j'茅tais enfant. Je voulais 茅tudier l'anglais et l'enseigner, mais mes parents ne voulaient rien de tout cela. J'ai un fr猫re jumeau et ma m猫re m'a dit que l'un de nous devrait 锚tre m茅decin et c'est ainsi qu'ils m'ont guid茅 dans cette voie. Au d茅but, j'ai essay茅 de me rebeller, mais je suis reconnaissant qu'ils aient tenu bon. En grandissant, j'ai toujours voulu m'occuper des gens, les aider 脿 se sentir mieux et, en cours de route, j'ai r茅alis茅 que je pouvais faire cela aussi avec la m茅decine. Je suis donc tomb茅e amoureuse de la m茅decine et c'est comme 莽a que je suis ici aujourd'hui.

Avez-vous des regrets ou des craintes jusqu'脿 pr茅sent ?

Non. Je mentirais si je vous disais que j'ai des regrets. Mais j'ai des craintes. Ma plus grande peur est de ne pas r茅aliser pleinement mon potentiel. C'est ce qui me pousse 脿 faire le travail qui doit 锚tre fait.

Comment aidez-vous votre pays 脿 lutter contre la pand茅mie de COVID-19 ?

Je ne savais pas que je diagnostiquerai le premier cas de COVID-19 au Nigeria, mais je pense que c'est une de mes contributions 脿 la lutte.

Par mesure de pr茅caution apr猫s le diagnostic, j'ai d没 m'isoler et m'absenter du travail pendant un certain temps. En raison des mesures d'isolement, je n'ai pas pu me rendre d'un 脡tat 脿 l'autre. J'essaie d'offrir des services m茅dicaux et des conseils gratuits aux personnes qui m'entourent et j'utilise 茅galement mes plateformes de r茅seaux sociaux pour donner des informations pr茅cises sur les mesures de pr茅vention et de protection conform茅ment aux lignes directrices et aux protocoles 茅tablis par nos autorit茅s sanitaires.

Racontez-nous la fois o霉 vous avez diagnostiqu茅 le premier patient COVID-19 au Nigeria. Qu'est-ce qui vous a amen茅 脿 cette conclusion ?

Eh bien, ce jour du 26 f茅vrier 2020 茅tait comme n'importe quel autre jour de travail. En fait, il 茅tait moins charg茅. J'avais h芒te de rentrer 脿 la maison, de prendre un bon repas et de dormir. Cela ne devait pas 锚tre le cas. Environ 28 minutes avant mon d茅part 脿 la fin de mon service, le patient index est entr茅 dans mon bureau. Il s'est plaint de fi猫vre, de maux de t锚te, de fatigue et de douleurs musculaires. En faisant un peu plus d'histoire, j'ai d茅couvert qu'il n'avait 茅t茅 au Nigeria que pendant deux jours. Je me suis dit que si c'茅tait la premi猫re fois qu'il se rendait au Nigeria, il ne pouvait pas s'agir d'un cas de malaria et qu'il ne s'agissait pas non plus d'un 茅puisement d没 脿 la chaleur, car j'ai remarqu茅 que m锚me apr猫s avoir pass茅 un certain temps dans mon bureau climatis茅, sa fi猫vre avait plut么t empir茅.

Qu'est-ce qui vous a travers茅 l'esprit 脿 ce moment-l脿 ?

Heureusement, mon 茅quipe et moi venions de recevoir une formation actualis茅e sur la COVID-19 deux jours avant sa pr茅sentation 脿 la clinique. Avec cette connaissance, je savais que ce qui se trouvait devant moi pouvait 锚tre un cas de COVID-19, dans la mesure o霉 le patient ne pr茅sentait pas les sympt么mes classiques - il n'avait pas de toux, pas de mal de gorge, pas de difficult茅 脿 respirer. Il n'a pas donn茅 d'ant茅c茅dents de contacts ant茅rieurs lorsque j'ai demand茅. Mon indice de suspicion 茅tait 茅lev茅 et j'ai pens茅 qu'il valait mieux p茅cher par exc猫s de prudence et le faire isoler et tester. 听

Lui avez-vous dit ce qui se passait ?

Je lui ai dit calmement : "C'est ce dont je pense que vous souffrez". Je lui ai donn茅 un masque facial et je lui ai dit que j'allais l'isoler. Il a 茅t茅 tr猫s coop茅ratif. Je me suis rapidement lav茅 les mains et j'ai port茅 un masque facial avant de transmettre imm茅diatement le cas au directeur m茅dical du site m茅dical d'International SOS, qui a alert茅 les autorit茅s sanitaires comp茅tentes. Le patient a 茅t茅 isol茅 et transf茅r茅 au Centre des Maladies Infectieuses de Lagos le lendemain matin, o霉 il a 茅t茅 test茅 positif 脿 la COVID-19.

Comment vos coll猫gues ont-ils r茅agi?

Quand j'ai dit aux membres de mon 茅quipe que nous pourrions avoir un cas de COVID-19, ils 茅taient vraiment inquiets. Nous avons d茅contamin茅 la zone et ceux d'entre nous qui s'茅taient occup茅s du patient ont 茅t茅 mis en quarantaine pendant 14 jours par mesure de pr茅caution.

Est-ce que la COVID-19 vous fait peur?

Oui, c'est le cas. Elle me fait peur parce qu'elle se r茅pand si vite et m锚me si le monde entier la combat - les scientifiques, les grandes entreprises, les gens brillants - il n'y a pas encore de rem猫de connu et un vaccin prendra un certain temps. Mais je dois quand m锚me faire mon travail car, outre le serment que j'ai pr锚t茅, je suis tr猫s passionn茅 par le souci des autres.

Qu'est-ce qui vous permet de tenir ?

Mes proches - mes parents et mes fr猫res et s艙urs. C'est ma contribution ; je n'ai pas d'argent 脿 donner, alors c'est ce que je peux faire. Je sais que nous finirons par nous en sortir. Oui, les temps sont vraiment durs maintenant et cela peut 锚tre plus difficile pour certaines personnes que pour d'autres, mais nous devons garder espoir ! Il y a de la lumi猫re au bout du tunnel. Mes parents m'encouragent beaucoup ; ma m猫re appelle pour prier pour moi et ma soeur me regarde. C'est ce qui me permet de continuer, m锚me quand j'ai peur.

Comment vous 锚tes-vous d茅brouill茅 pendant la quarantaine ?

J'ai pass茅 du temps 脿 lire, 脿 suivre des cours en ligne, 脿 faire de l'exercice et 脿 regarder des films. J'avais le soutien de ma famille, de mes amis et de mon employeur.

Les diff茅rents pays ont adopt茅 des strat茅gies diff茅rentes pour battre la COVID-19. Selon vous, qu'est-ce qui a fonctionn茅 et qu'est-ce qui n'a pas fonctionn茅 ?

Les mesures pr茅ventives telles que l'utilisation d'EPI, les masques faciaux, la distanciation sociale, le lavage des mains, l'茅tiquette respiratoire et les mesures de verrouillage ont fonctionn茅. Ce qui n'a pas fonctionn茅, ce sont les rumeurs, la d茅sinformation et les mythes sur la pand茅mie. Je pense que l'adoption d'une approche plus d茅centralis茅e de la r茅ponse 脿 la COVID-19 aura plus d'impact. Certains pays le font actuellement, en augmentant la recherche des contacts, la gestion des cas, en faisant participer la communaut茅, en formant les jeunes et en les faisant participer.

Par exemple, le Nigeria a augment茅 sa capacit茅 de test en disposant de plusieurs laboratoires. Au d茅part, nous devions envoyer des 茅chantillons au laboratoire central pour les faire tester, mais maintenant nous avons plusieurs laboratoires et nous n'avons plus 脿 attendre des jours pour recevoir les r茅sultats. En outre, nous diffusons des informations pr茅cises, nous avons des programmes de sensibilisation, nous promouvons des comportements sains et nous nous entraidons.

Quel message avez-vous pour les jeunes du Nigeria et du reste de l'Afrique ?

Nous devons garder une attitude positive, garder l'espoir ! 听Beaucoup de choses semblent incertaines aujourd'hui et vous vous demandez peut-锚tre comment vont elles se d茅rouler 脿 partir de l脿. Quels que soient vos r锚ves et vos aspirations, continuez 脿 travailler pour les r茅aliser. Nous nous en sortirons et quand nous le ferons, vous voulez 锚tre pr锚t 脿 saisir la prochaine occasion. C'est nous, les jeunes, qui allons continuer 脿 construire nos pays. Nous avons donc un patrimoine 脿 prot茅ger. Ne vous arr锚tez pas, continuez et vous finirez par y arriver.

Que diriez-vous aux autres professionnels de la sant茅 sur la ligne de front du COVID-19 ?

Cela peut sembler assez sombre et effrayant en ce moment et notre travail exige beaucoup de sacrifices. Nous devrions continuer 脿 mettre tout notre c艙ur dans ce que nous faisons - sauver des vies. C'est le moment pour nous d'agir et de nous soutenir les uns les autres. N'oubliez pas de vous prot茅ger, car de nombreuses vies d茅pendent de votre survie.

L'une des questions qui revient avec force est celle de la stigmatisation. Quel est votre point de vue 脿 ce sujet ?

J'en ai fait l'exp茅rience moi-m锚me. Pour le combattre, nous devons continuer 脿 茅duquer et 脿 sensibiliser les gens 脿 la COVID-19. Les gens devraient 茅galement essayer d'锚tre empathiques envers ceux qui ont v茅cu cela parce qu'ils ont men茅 une grande bataille.

L'Afrique a eu sa part de m茅sinformation, de d茅sinformation et de mythes autour de ce virus. Pourquoi en est-il ainsi ?

Les gens r茅pandent la d茅sinformation parce qu'ils croient que c'est la v茅rit茅. Il est n茅cessaire de v茅rifier les informations avant de les partager. Consultez les sites web des autorit茅s sanitaires comp茅tentes et obtenez les informations correctes ou demandez 脿 un travailleur de la sant茅.

Dans les r茅gions 茅loign茅es ou pour les personnes qui ne peuvent pas aller en ligne, l'engagement de la communaut茅 pour les sensibiliser dans leurs langues locales est essentiel, soit par un engagement direct, soit par la radio.

Trois fa莽ons de gagner cette guerre ?

Premi猫rement, le monde devrait travailler en 茅quipe car nous avons un objectif commun : gagner la guerre contre la COVID-19. Deuxi猫mement, chacun de nous a une contribution 脿 apporter en prenant les pr茅cautions n茅cessaires et en suivant les directives et protocoles sanitaires 茅tablis. Troisi猫mement, soyez le gardien de votre fr猫re. Soyez attentifs aux autres, en particulier aux moins privil茅gi茅s, aux personnes 芒g茅es et aux personnes plus 脿 risque. Il peut s'agir simplement d'aider 脿 faire les courses ou de diffuser des informations.

Votre message d'espoir ?

En tant qu'锚tres humains, nous sommes plus r茅sistants que ce que nous nous attribuons. Nous pouvons tout faire tant que nous nous y mettons. Alors, n'abandonnez pas, m锚me si cela devient difficile.