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V¨ºtements d¡¯int¨¦rieur : le luxe africain s¡¯exporte

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V¨ºtements d¡¯int¨¦rieur : le luxe africain s¡¯exporte

Walls of Benin exporte du pr¨ºt-¨¤-porter de haute qualit¨¦ du Kenya vers l¡¯Europe
Afrique Renouveau: 
Walls of Benin loungewear. Photo: Lara Jacinto
Photo: Lara Jacinto
V¨ºtements d¡¯int¨¦rieur Walls of Benin. Photo: Lara Jacinto

Depuis des si¨¨cles, des mat¨¦riaux non finis destin¨¦s ¨¤ la fabrication de v¨ºtements ¡ª soie, coton, peaux ¡ª sont vendus et exp¨¦di¨¦s d¡¯Afrique vers les capitales occidentales de la mode, notamment Londres, Paris et New York. En contrepartie, un petit nombre de v¨ºtements pr¨ºt-¨¤-porter, de chaussures bon march¨¦ et de v¨ºtements d¡¯occasion retrouvent le chemin de l¡¯Afrique ¡ª ¨¤ des prix largement major¨¦s ou sous forme de dons caritatifs.

Aujourd¡¯hui, une startup ambitieuse, Walls of Benin, dirig¨¦e par Chi Atanga, un jeune de trente ans. D¡¯origine camerounaise n¨¦ ¨¤ Manchester en Angleterre, M. Atanga cherche ¨¤ rompre avec le pass¨¦ en faisant construire en Afrique des usines de v¨ºtements de nuit et d¡¯int¨¦rieur confortables, ¨¦l¨¦gants et sophistiqu¨¦s pour ? toutes les f¨ºtes nocturnes, les voyages en bateau, en train ou en avion ¨¤ r¨¦action ?, affirmation diffus¨¦e sur le site Web de l¡¯entreprise. Les produits finis sont vendus ¨¤ des boutiques prestigieuses en Europe ¨¤ l¡¯intention d¡¯une client¨¨le avide de mode.

La marque Walls of Benin fait r¨¦f¨¦rence ¨¤ la plus grande structure artificielle du monde, achev¨¦e au XVe si¨¨cle : un syst¨¨me de douves et de remparts con?u pour d¨¦fendre l¡¯ancien royaume du B¨¦nin, aujourd¡¯hui Benin City, capitale de l¡¯?tat d¡¯Edo, au Nig¨¦ria.

M. Atanga se dit ? ¨¦vang¨¦liste en chef ?, plut?t que directeur g¨¦n¨¦ral de Walls of Benin, et explique que le but de l¡¯entreprise est de ? s¡¯imposer discr¨¨tement par le biais de la culture ?.

Nouveau paradigme

Apr¨¨s bien des recherches, M. Atanga a ¨¦labor¨¦ le plan d¡¯affaires de Walls of Benin. Gr?ce ¨¤ un capital d¡¯amor?age de 100 000 dollars lev¨¦ aupr¨¨s du gouvernement portugais et ¨¤ un apprentissage suivi dans le cadre du programme europ¨¦en Erasmus pour les entrepreneurs, il a pu financer son r¨ºve.

? En tirant profit de son don pour le r¨¦seautage, M. Atanga a obtenu un investissement du Groupe Lunan, l¡¯¨¦quipe ¨¤ l¡¯origine de la c¨¦l¨¨bre marque Fiorelli ?, selon facetofaceafrica.com, un site Web d¡¯informations.

Il s¡¯installe ¨¤ pr¨¦sent dans une ? zone ¨¦conomique sp¨¦ciale ? ¨¤ l¡¯ext¨¦rieur de la ville c?ti¨¨re de Mombasa, la deuxi¨¨me plus grande ville du Kenya.

? Notre but n¡¯est pas d¡¯exploiter le st¨¦r¨¦otype de la cha?ne de valeur des mati¨¨res textiles brutes de l¡¯Afrique vers l¡¯Europe, mais de cr¨¦er un nouveau paradigme ?, d¨¦clare-t-il. ? Peut-on s¡¯attaquer ¨¤ Victoria¡¯s Secret, g¨¦ant de la lingerie en Afrique ??

demande-t-il. La r¨¦ponse est un ¡®¡¯oui¡¯¡¯ cat¨¦gorique.

Comment doit-on s¡¯y prendre ? ? Notre mod¨¨le ¨¦conomique est simple : nous nous inspirons des textiles imprim¨¦s en Afrique et nous ¨¦changeons les tissus wax ou lourds contre des tissus plus luxueux et ¨¦cologiques ?, pr¨¦cise-il. Le kente, c¨¦l¨¨bre m¨¦lange de soie et de coton du Ghana, est un exemple de tissu africain, tandis que la soie et le Tencel sont des fibres naturelles aux propri¨¦t¨¦s extra-douces et anti-humidit¨¦.

? Nous estimons que les marques de mode des grandes villes europ¨¦ennes devraient fabriquer certains de leurs produits en Afrique et cr¨¦er des emplois, et non pas se contenter d¡¯exporter des jeans, des costumes et autres v¨ºtements en Afrique. ?

Son premier voyage sur le continent en tant qu¡¯adulte l¡¯a men¨¦ au Ghana en 2014 et lui a permis de faire de belles d¨¦couvertes pour son propre ¨¦panouissement. ? Tout ¨¦tait lumineux, vibrant et vivant. J¡¯ai ¨¦t¨¦ fort impressionn¨¦ de voir partout des textiles de marques africaines. J¡¯ai compris que cela faisait partie de mon h¨¦ritage ?.

Actuellement, Walls of Benin op¨¨re depuis le Kenya et le Rwanda tout en important de la soie et du Tencel du Portugal. En avril 2018, l¡¯entreprise s¡¯est associ¨¦e ¨¤ Wildlife Works, un groupe de conservation de la faune et de la flore bas¨¦ au Kenya, afin de d¨¦marrer la production en Afrique dans l¡¯espoir d¡¯exporter des v¨ºtements de d¨¦tente de luxe en soie extra-douce et Tencel en Europe et ailleurs. La production est la premi¨¨re du genre sur le continent.

Wildlife Works peut fabriquer un millier de v¨ºtements d¡¯int¨¦rieur par semaine ¨¤ l¡¯aide de s¨¦rigraphies num¨¦riques. ? De l¡¯est de l¡¯Afrique jusqu¡¯au sud de l¡¯Europe, nous construisons la cha?ne de valeur ?, s¡¯enthousiasme M. Atanga. Selon lui, l¡¯industrie de la mode de d¨¦tente en Afrique, autrefois ignor¨¦e, a un avenir prometteur.

Un avenir prometteur

L¡¯¨¦mergence de la classe moyenne en Afrique ainsi que de partenariats avec des marques ¨¦trang¨¨res ¨¦tablies contribuent ¨¤ dynamiser l¡¯industrie de la mode sur le continent. En outre, la loi am¨¦ricaine sur la croissance et les possibilit¨¦s ¨¦conomiques de l¡¯Afrique (AGOA), qui cherche ¨¤ d¨¦velopper le commerce et les investissements avec l¡¯Afrique subsaharienne, ? donne un acc¨¨s en franchise de droits aux ?tats-Unis pour certains pays d¡¯Afrique subsaharienne ?, selon African Business, un magazine de premier plan consacr¨¦ ¨¤ l¡¯Afrique. Les entreprises am¨¦ricaines cherchent ¨¤ investir dans l¡¯industrie de la mode en Afrique.

Les Africains peuvent exploiter le march¨¦ du v¨ºtement d¡¯int¨¦rieur am¨¦ricain ¨¦valu¨¦ ¨¤ 12 milliards de dollars par l¡¯interm¨¦diaire de l¡¯AGOA, qui a ¨¦t¨¦ r¨¦cemment prolong¨¦e jusqu¡¯en 2025, affirme M. Atanga.

Son entreprise contribue ¨¤ la cr¨¦ation d¡¯emplois en travaillant avec des producteurs d¡¯eucalyptus et d¡¯autres fournisseurs de mati¨¨res premi¨¨res. La pulpe d¡¯eucalyptus est fil¨¦e industriellement pour produire des tissus respirants et rafra?chissants.

En outre, une douzaine de petits producteurs locaux de coton k¨¦nyans ont suivi une formation sp¨¦cialis¨¦e dans le domaine du textile qui leur a ¨¦t¨¦ dispens¨¦e par Walls of Benin et ont appris ¨¤ filer et tresser la fibre, tisser et tricoter le fil en tissu, ainsi qu¡¯¨¤ blanchir, teindre et imprimer le tissu pour cr¨¦er des v¨ºtements de nuit ¨¤ la mode.

Pourquoi commencer les op¨¦rations au Kenya ?? a demand¨¦ Afrique Renouveau ¨¤ M. Atanga.

? Nous avons choisi le Kenya parce que, comme en ?thiopie, les citoyens y connaissent la valeur d¡¯une industrie de la mode locale. [Ces pays] ont cr¨¦¨¦ des centres de formation pour apprendre aux entrepreneurs autochtones ¨¤ diversifier dans les v¨ºtements de luxe.?

Des g¨¦ants de la mode comme H&M en Su¨¨de ont ¨¦galement les yeux riv¨¦s sur l¡¯industrie de la mode en Afrique. Avec le soutien du Swedfund, l¡¯organisme de financement du d¨¦veloppement du gouvernement su¨¦dois, H&M installe actuellement une usine textile en ?thiopie qui cr¨¦era environ 4 000 emplois. M. Atanga pr¨¦dit que du fait de l¡¯augmentation des salaires, de nombreuses entreprises textiles chinoises se d¨¦localiseront en Afrique.

? Les salaires mensuels vont passer ¨¤ 200 dollars par employ¨¦ en Chine, alors qu¡¯ils sont d¡¯environ 120 dollars en Afrique de l¡¯Est ?, dit-

M. Atanga. Il se r¨¦jouit par ailleurs que certains pays d¡¯Afrique de l¡¯Est souhaitent interdire l¡¯importation de v¨ºtements d¡¯occasion. C¡¯est d¨¦j¨¤ chose faite au Rwanda. La Tanzanie et l¡¯Ouganda envisageaient l¡¯interdiction, tandis que le Kenya semblait sur le point de le faire, mais est ensuite revenu sur sa d¨¦cision. Furieux de cette interdiction, les ?tats-Unis menacent d¡¯exclure ces pays du statut d¡¯¨¦ligibilit¨¦ ¨¤ l¡¯AGOA. L¡¯interdiction des v¨ºtements usag¨¦s ? est un coup de ma?tre ?, insiste

M. Atanga.

De plus, la stabilit¨¦ politique relative et la facilit¨¦ de faire des affaires en Afrique de l¡¯Est sont bonnes pour les investisseurs.

D¡¯autres d¨¦fis abondent dans l¡¯industrie textile. ? Bien que le textile africain ait une valeur annuelle de 4 milliards de dollars, seulement 19% du textile africain est de marque. Nous ne disposons pas d¡¯un financement suffisant pour faire breveter et prot¨¦ger notre ¨¦cosyst¨¨me de tissus. Nous ne voulons pas, non plus que les femmes et les enfants passent 18 heures dans les usines tout en manquant l¡¯¨¦cole ?, ajoute M. Atanga.

Son h¨¦ritage mixte l¡¯incite ¨¤ utiliser l¡¯Afrique comme toile de fond pour ses investissements dans l¡¯industrie du v¨ºtement d¡¯int¨¦rieur. Jeune enfant, il vendait des bonbons provenant du Cameroun dans les cours d¡¯¨¦cole de Manchester. ? J¡¯ajoutais ma propre ? taxe ¨¤ l¡¯importation ?, parce qu¡¯ils ¨¦taient fabriqu¨¦s au Cameroun- ce qui les rendaient un peu plus pr¨¦cieux ?, dit-il en souriant. ? ?

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